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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/279

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Le lendemain soir, las de volupté et bourrés comme des canons, ils se reposèrent sur un banc du boulevard du Temple. Saladin avait eu sa part de l’orgie, il était un peu incommodé ; on le mit au frais, sous le banc, et l’on causa. On avait, Dieu merci, causé abondamment, depuis la première bouteille vidée, et toujours sur le même sujet : L’avenir doré que la chose des mystères et M. Piquepuce promettaient. C’était un thème inépuisable, grâce aux combinaisons diverses que présentait à leur esprit le répertoire du boulevard du crime. Cent mélodrames les entouraient ; ils n’avaient qu’à choisir.

Du banc où ils s’asseyaient, ils pouvaient voir La Galiote et l’entrée du couloir étroit qui conduisait à l’estaminet de l’Épi-Sciè. C’était la terre promise ; mieux que cela : le paradis ! À Paris, le fait seul de fréquenter certains cafés communique la gloire contagieuse. Le café Anglais, Tortoni, Riche, sont des lieux illustres qui posent un jeune homme.

À l’Épi-Scié, c’était la Haute, il y avait des mois, peut-être des années, qu’Échalot et Similor nourrissaient l’ambition de franchir ce respectable seuil. Ils n’osaient pas.

La bonne chère enhardit le cœur que le succès relève.

« Quoique ça que le rendez-vous est fixé à demain, dit Échalot, d’ordinaire si timide, on ne nous avalerait pas là dedans, ce soir, pas vrai, Amédée ? »

Le désir de Similor n’était pas moindre, mais il avait conscience de l’énorme supériorité de M. Piquepuce.

« Il est avec tous fashionnables, répondit-il, faiseurs d’embarras comme M. Cocotte et peut-être même encore plus huppés. Faudrait le prétexte d’avoir là une connaissance à voir ou comme qui dirait l’occasion de