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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/332

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— Tais-toi ; onze heures et demie ; Rifflard t’aidera à entrer. Tu demanderas Mme Champion.

— La femme du précédent ?

— Un mot de plus je te casse ! Son mari est parti pour sauver ses lignes ; cela l’empêche d’aller au bal. Tu lui dis : « M. Léonide Denis, notaire royal à Versailles, est à l’article de la mort. Il est des choses qu’on ne peut confier au papier. Vous n’avez que le temps, si vous voulez recueillir son dernier soupir… »

— Non d’un chien ! murmura Échalot qui essuya ses yeux à la dérobée. C’est fichant tout de même !

— Répète ! ordonna M. Mathieu. »

Similor répéta en jetant sur le fond les broderies de son style.

« Pas mal, approuva l’estropié. Tu auras une voiture à la porte. Tu y conduiras la bonne dame, et le cocher se chargera du reste. »

Le no 10 était le cocher.

« No 11, Mazagran ! »

En passant, ce libertin de Similor lui serra furtivement la main.

« No 12, M. Ernest ! »

Ce M. Ernest était pour le moins aussi flambant que Cocotte. Vous voyez qu’on l’appelait Monsieur. L’égalité n’existe pas sur cette terre.

Ernest avait eu un petit emploi chez M. Schwartz. Il connaissait le garçon de caisse de Champion ; il avait été choisi précisément pour cela.

Rendons justice à qui de droit. M. Lecoq était un homme énorme. Il n’ignorait rien, pas même la flamme vertueuse et platonique qu’entretenaient M. Léonide Denis, notaire à Versailles, et Céleste Champion.

Vous n’avez pas l’idée, j’en suis bien sûr, des talents