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XIX

Troisième collaborateur.


Étienne et Maurice étaient littéralement abasourdis. Ils contemplaient bouche béante ces deux âmes damnées que la divinité présidant aux mélodrames leur envoyait « pour en finir avec la femme, » ces deux matassins de la farce parisienne, ces deux caricatures impossibles, ces deux queues rouges, introuvables ailleurs qu’en ce fin fond de la sauvagerie civilisée. Leur imagination n’avait jamais rêvé pareille chinoiserie.

Similor avait recouvré sa belle sérénité. Il se tenait droit, bourré dans son paletot tourterelle, et souriait avec complaisance, du haut de son col en baleines, aux paroles éloquentes qu’il venait de prononcer. Échalot, moins infatué de sa personne, baissait modestement les yeux et tournait ses pouces sous son tablier de pharmacien. Saladin, le triste enfant de carton, montrait une tête laide et blondâtre au-dessus de son épaule gauche.

Ajoutez Saladin aux groupes antiques, représentant Castor et Pollux, et vous n’aurez qu’une faible idée de ce tableau.

Voyant qu’on tardait à lui répondre, Similor reprit la parole avec plus d’amabilité.

« Pour quant à la surprise de vos secrets, poursuivit-il, partageant une fine œillade entre les deux collaborateurs, c’est l’effet d’un hasard involontaire, sans préméditation. Échalot et moi, incapables d’é-