Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/43

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couter aux portes ! Échalot, c’est ce jeune homme qui se charge du fruit de mes fautes, tout étant commun dans l’amitié. Il m’est bien connu depuis notre enfance ; j’en réponds comme de mon honneur propre pour la fidélité à tous les serments que nous prononcerons. Par ainsi, je venais voir en passant si ces messieurs avaient quelquefois besoin, avant de me coucher, et rendre réponse d’une commission de confiance à M. Michel. Non content que je voulais saisir l’occasion de vous présenter mon collègue, pour s’il y avait de l’ouvrage. Ça mange, la créature qu’il a avec lui. Donc, en marchant à tâtons, après qu’on a été entré de l’autre côté, nous avons entendu comme ça le mot en question, et voyant qu’on en mangeait ici, j’ai dit : L’audace est le favori de la fortune ! Offrons d’en être avec courage et fidélité. »

Ayant ainsi parlé, l’ancien maître de danse cambra ses beaux mollets, tandis qu’Échalot redressait d’un air modeste ses jambes grêles, supportant un torse d’athlète.

Il y a des bandits grotesques, mais qui font trembler à un moment donné, dès qu’ils cessent de faire rire. Ce n’était pas cela. Échalot et Similor atteignaient bien aux plus hauts sommets du burlesque, mais il semblait impossible qu’ils amenassent jamais la chair de poule à l’épiderme le plus sensible. Ils avaient bonne envie de mal faire, afin de se ranger et d’acquérir une honnête aisance ; mais tant de chevaleresque naïveté brillait parmi leurs laideurs toutes parisiennes et jumelles, malgré la différence de formes et de poils ! tant de candeur, tant d’esprit, tant de miraculeuse sottise parlait dans leurs regards ! ils semblaient si bien créés et mis au monde pour ne poignarder personne, que l’effet produit par eux, à la longue, sur nos deux dra-