Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/79

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— Non, répondit M. Bruneau.

— Et… ajouta Étienne, cet André Maynotte ne doit pas être mort, puisque c’est le héros du drame ? »

Le Normand devint très pâle ; sa voix changea ; il répondit pourtant sans hésiter :

« Si cet André Maynotte vivait, Olympe Verdier serait bigame : c’est impossible. André Maynotte est mort. »

D’un geste rapide, il effaça ce qu’il venait d’écrire, jeta la craie au loin et prit la porte.

En passant le seuil, il dit :

« Vous avez promis : soyez prêts ! »

Et il disparut.

« Prêts à quoi ? grommela Étienne. Depuis que le monde est monde, il n’y a jamais eu de situation pareille ! C’est original, c’est câblé… ça m’empoigne !

— Il nous a fait au moins un mensonge, pensa tout haut Maurice. André Maynotte doit être vivant.

— Comme toi et moi, répliqua Étienne. J’en mettrais ma main au feu. Dans le cas contraire, d’abord, il faudrait le ressusciter pour le drame.

— Il ne nous a pas dit qui était cet André Maynotte.

— C’est lui ! parbleu !

— Je ne crois pas…

— Qui donc, alors ?

— Ce Trois-Pattes…

— Touché ! André Maynotte est Trois-Pattes. Trois-Pattes est André Maynotte… La toile ou mon argent ! Tonnerre de Brest ! quelle charpente ! cinq cents chevaux de vapeur ! Papa viendra voir ça. Lettre d’invitation : « Mon cher père, tu reconnaîtras enfin que ton fils possédait des aptitudes exceptionnelles… » Les avant-scènes pleines de femmes comme il faut.