Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/80

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Toute la bourgeoisie de la capitale au balcon, la presse à l’orchestre. À bas la cabale !

— Tu es fou ! dit Maurice.

— Et je m’en honore ! Les titis au paradis. Face au parterre ! Je les entends, moi, ils chantent en tapant du pied :

Viens-tu souper chez moi ?
Ou vais-j’souper chez toi ?
N’y a pas plus loin d’chez moi chez toi,
Que de chez toi chez moi !
La rifla, fla, fla, la rifla, fla, fla…

— La paix ! réclama Maurice. Laisse-moi réfléchir.

— L’auteur ! l’auteur ! l’auteur !

— La paix, que diable !

— Messieurs, la pièce que nous avons eu l’honneur de représenter devant vous… »

Maurice le saisit au collet rudement.

« Mais l’Habit-Noir ?… dit-il.

— Notre amour d’Habit-Noir ! Causons de ça !

— Si cet homme nous tendait un piège ?

— Une complication ? Tant mieux ! Cet homme nous tend peut-être un piège ! Aveugles que nous sommes ! Nous ne l’avions pas vu ! Francisque ! Mme Abit ! Delaistre !

— S’il faisait de nous les instruments d’un crime ?

— Bravo ! Je veux bien ! Il veut faire de nous les instruments d’un crime. Il a parlé d’un crime… Tous ! tous !

— Si c’était lui… M. Bruneau… l’Habit-Noir ! »

Étienne joignit les mains et tomba sur sa chaise, suffoqué par la joie.

« Lui ! râla-t-il. L’Habit-Noir ! Cent représentations de plus ! Merci, mon Dieu ! merci ! »