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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/81

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XXII

L’Habit-Noir.


Or il est temps de vous parler des Habits Noirs, qui fournissent un titre à ce véridique récit. Nous avons mentionné déjà à plusieurs reprises l’Habit Noir, ce mythe qui inquiéta diverses époques et dont la présence à Paris laissa des traces, surtout à dater des commencements de ce siècle. Nous en avons dit assez pour que les gens experts à déchiffrer les rébus et à deviner les charades puissent mettre cet illustre sobriquet sur un visage.

Mais n’en avons-nous pas trop dit ? Et M. Bruneau, ce Normand, est-il bien sûr de son fait ?

C’est comme pour la moisson : les années, chez nous, se suivent et ne se ressemblent pas. En de certaines périodes, Paris a vu les associations de malfaiteurs se multiplier à tel point que la panique se répandait de rue en rue, barricadant les maisons comme des forteresses. Nous ne faisons point ici allusion au moyen âge, ni à ces temps barbares où nulle lueur n’éclairait les nuits parisiennes, quand la lune manquait au ciel ; nous ne parlons pas même de ces jours plus rapprochés où MM. de Sartines et de La Reynie fondaient à grand’peine et par toutes sortes de moyens la tranquillité de la cité, faisant, ceux-là, dans la rigueur du terme, l’ordre avec le désordre et parfois aussi le désordre avec l’ordre. Nous parlons d’hier ; la place de la Bastille avait déjà sa colonne, les cendres de l’empe-