Page:Féval - Les contes de nos pères, 1845.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
LA MORT DE CÉSAR.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

M. de Bazouge s’était défait de sa meute comme de ses chevaux et de ses valets. Il n’y avait plus au château, outre le jardinier, qu’un brave serviteur nommé Lapierre, deux chevaux de selle, et César, qu’on avait conservé à l’instante prière d’Henriette.

Celle-ci était une jolie enfant de treize ans, dont le doux visage empruntait aux malheurs qui avaient accablé sa race, une expression de mélancolie. Elle environnait son aïeul de soins attentifs et respectueux. Le matin, quand M. de Bazouge s’éveillait, la première figure qu’il voyait était celle d’Henriette. Elle lui faisait la lecture pour le distraire, et quand de bien tristes pensées amenaient un nuage plus sombre au front du vieillard, Henriette se mettait à genoux devant lui et chantait. M. de Bazouge écoutait : l’amertume de son cœur se dissipait peu à peu au son de cette pieuse voix, comme la gelée matinale se fond à la tiède chaleur du soleil des premiers jours de printemps. Il posait ses deux mains sur le front d’Henriette, et lissait d’un geste distrait les brillants bandeaux de ses cheveux blonds.

Puis le pauvre vieillard se prenait à sourire, et son re-