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Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/63

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eut presque un sourire. Et lui ! il est si beau !…

— Et moi si laid, pas vrai ? acheva Échalot. Ça ne fait rien, patronne, je suis tout de même bien content de vous avoir un petit peu régayée.

— Oui, répliqua la bonne femme, soudaine comme les enfants et dont toute la colère était tombée pour faire place à une rêveuse mélancolie, tu m’as fait rire et ce n’était pas facile, car j’en ai gros sur le cœur. As-tu entendu tout à l’heure que le Gondrequin-Militaire m’appelait madame Putiphar ?

— Voulez-vous que je m’aligne avec lui ? s’écria Échalot.

— Pour quoi faire ? je ne suis pas bégueule, mon vieux, et mon opinion c’est liberté libertas pour une femme veuve dans ma situation qui peut se mettre au-dessus des bavardages. Pourtant je suis bien changée depuis ce soir où je le vis pour la dernière fois : j’entends mon chéri de Maurice, et j’avais fait dessein de marcher droit parce qu’il y avait en moi une idée qui me donnait du respect pour moi-même. Je me regardais un petit peu comme sa mère. C’est drôle, pas vrai ? de jalousie il n’en était plus question, et j’en étais à me demander si vraiment j’avais pu espérer autrefois qu’il hésiterait entre une grosse maman comme moi et Fleurette, ce bouton de rose ?

— Il y a des gens, soupira Échalot, qui préfèrent mieux la rose épanouie à n’importe quel bouton.

— Tais-toi ! pas de bêtises ! on se connaît ; et ce qui prouve bien que ma folie est guérie, c’est qu’il ne me viendrait pas à l’esprit désormais de penser à l’un sans penser