Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tés, mais il aurait pu avoir une idée de manger un morceau d’enfant, et ça fait frémir rien que d’y penser !

Il se donna un grand coup de poing dans le front.

— Quant à avoir reconnu l’olibrius de l’estaminet de L’Épi-Scié, reprit-il, j’en suis sûr ! À ma place, Similor aurait parlé, car il a du toupet, à moins toutefois qu’on ne lui aurait donné la pièce pour se taire. Ah ! je suis plus vertueux que lui, mais moins capable, et s’il arrivait malheur à cette infortunée belle femme, ce serait le cas pour moi d’en concevoir un regret éternel !

Il rentra dans la baraque et s’assit sur la paille, n’essayant même plus de calmer son petit Saladin, qui s’égosillait dans la gibecière.

Pendant cela, le cocher que nous avons vu tressaillir au nom de Giovan-Battista poussait son beau cheval noir sur le pavé assourdi par la neige.

Au sortir des ruelles qui s’embrouillaient encore alors autour des halles, il prit la rue Saint-Honoré et gagna la place de la Concorde.

Il n’était pas plus de cinq heures du soir, mais la nuit enveloppait déjà Paris, que le mauvais temps faisait désert.

Le coupé de Mme la marquise s’engagea dans l’avenue des Champs-Élysées, qu’il monta au grand trot jusqu’à la rue de Chaillot ; là il tourna sur la gauche et redescendit vers la Seine pour gagner ce quartier, si radicalement transformé depuis lors, qui confinait à la montagne du Trocadéro et sortait de Paris par la barrière des Batailles.

La maison de santé du docteur Samuel