Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/11

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« Si le triomphe de la parole consiste à émouvoir les hommes, à créer les convictions, Frédérik Douglass est un maître. Logique, enthousiasme, bon sens, pathétiques élans, humour, saillies, il a tout ; et tour à tour on rit, on pleure, on s’irrite, on raisonne, on suit ardemment cette pensée, on obéit à cette volonté.

« Pour grave que soit Frédérik Douglass, je ne sais quelle intuition de burlesque, je ne sais quelle fine plaisanterie — on la voit de loin se jouer sur ses lèvres — éclaire par degrés le discours, jusqu’au moment où elle s’épanouit en une gerbe de rayons.

« Directeur et rédacteur de journaux, écrivant en plus d’une revue, Douglass n’a rien à envier aux plus accrédités de nos auteurs américains. Son style, pur, clair, heureux, il le doit à l’âme, au caractère, à l’érudition personnelle qui ont fait son éloquence.

« Ni universités, ni collèges n’ont rien enseigné au lettré ; pas plus que ses années d’esclavage n’ont préparé la carrière de l’homme.

« Par droit de conquête ! Ce mot exprime tout. »


Écoutons maintenant la voix anglaise :

« Il est présent à mon souvenir, s’écrie le révérend Davis Thomas DD[1]. Je le vois encore, l’esclave fugitif, alors que debout, dressé de toute sa taille, la tête largement modelée par l’ampleur de sa pensée, son noir visage illuminé de génie, ses grands yeux tantôt

  1. Appendice C du volume anglais.