Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/297

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rattache en façon que ce soit, à la charge de Marshal.

Cette fois encore, je demeurai Marshal du district de Columbia.

Je le suis toujours. J’ai, en maintes occasions, présenté à Son Excellence des visiteurs de distinction ; la réception la plus aimable m’a toujours accueilli dans les salons présidentiels ; et le président lui-même, tant qu’il est resté au pouvoir, n’a pas cessé de me défendre contre les menées du parti négrophobe, qui cherchait à me démolir.


J’aborde un tournant douloureux de mon chemin. Celui où je me séparai des hommes de ma race, qui avaient inventé l’Exode des noirs au Kansas, qui provoquaient le mouvement, et dirigeaient l’émigration.

Mon attitude les indigna : Je désertais ma cause, je reniais mon sang, je servais le parti des anciens maîtres. Moi, l’esclave évadé, j’empêchais mes frères de se soustraire à l’oppression !

L’accusation était dure. Toutefois, je ne me sentis jamais plus certain de mes convictions, plus ferme à les défendre, mieux justifié, dans la direction que je prenais.

Éblouis par les brillantes perspectives que faisaient chatoyer les meneurs à leurs yeux, des milliers de noirs quittaient le Sud, bravant neige et froidure, pour venir, dans leur pèlerinage vers le Nord, s’affaisser nus, destitués, abandonnés, sur les quais de Saint-Louis du Missouri ! — Ce qui ajoutait au caractère sinistre de