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XVIII

garfield — in memoriam.


Tandis que dans le cimetière de Cleveland (Ohio) on rendait à la terre les terrestres restes de Garfield ; tandis que se répandaient les larmes, que retentissaient les oraisons funèbres : témoignages de respect à cette vie si forte, si grave, si dévouée, si entièrement virile ; ce jour-là, nous, les hommes de couleur, assemblés dans l’Église Presbytérienne (Columbia, fifteenth street), nous lui dîmes, nous aussi, notre dernier adieu ici-bas.

Appelé à prendre la parole : « … Aucune heure, m’écriai-je, n’a sonné plus lugubre ! Aucune n’apporta plus poignante douleur, humiliation plus intense au peuple américain !… Et c’était hier que, Marshal des États-Unis, les devoirs de ma charge m’appelaient à cet insigne honneur : marcher en tête de la colonne qui, du Sénat, à travers les longs corridors, les majestés du dôme, le portique empli de lumière, conduisait celui que nous lamentons à ce Capitole, où les acclamations d’innombrables milliers de citoyens, le saluaient Président !…