Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/109

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à poindre, nous partions pour les champs avec nos houes et nos charrues. M. Covey nous donnait assez de nourriture, mais à peine assez de temps pour la manger. Nous avions souvent moins de cinq minutes pour prendre nos repas. Nous étions souvent aux champs depuis l’aube du jour, jusqu’à ce que le dernier rayon eût disparu ; et dans la saison du fourrage, il nous arrivait souvent d’être encore dans les champs à minuit, occupés à botteler.

M. Covey y était avec nous. Voici comment il s’y prenait pour résister à tant de fatigue : il passait la plupart de ses après-midis au lit ; il en sortait rafraîchi et reposé le soir, prêt à nous stimuler à l’aide de ses paroles, de son exemple, et souvent de son fouet. M. Covey se trouvait parmi le petit nombre des propriétaires d’esclaves qui savent se servir de leurs mains, et qui en font réellement usage pour travailler. C’était un homme extrêmement laborieux ; il savait par sa propre expérience ce dont un homme ou un garçon était capable en fait de besogne ; il n’y avait pas moyen de le tromper. L’ouvrage se faisait en son absence presque aussi bien qu’en sa présence ; car il avait l’art de nous faire sentir qu’il était toujours au milieu de nous. Afin d’atteindre ce but, il avait contracté l’habitude de venir nous surprendre. Il était rare