Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/108

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aussitôt au bois ; je lui obéis, et il me suivit. Je venais d’arriver à l’entrée du bois, lorsqu’il s’approcha de moi, m’ordonna d’arrêter la charrette, et me dit qu’il allait m’enseigner à perdre mon temps et à briser les barrières. Ensuite il alla à un grand arbre à gomme, coupa avec sa hache trois longues houssines, et après les avoir ébranchées avec son couteau de poche, il m’ordonna d’ôter mes habits. Je ne lui répondis pas, mais je restai immobile ; il répéta son ordre avec le même résultat. Enfin il s’élança sur moi, avec la férocité d’un tigre, déchira mes habits, et me fouetta jusqu’à ce qu’il eût usé ses houssines, et qu’il m’eût sillonné le dos de meurtrissures si cruelles, que les marques en restèrent visibles pendant longtemps. Ce mauvais traitement fut le premier d’un grand nombre d’autres du même genre, et qui provenaient de causes semblables.

Je demeurai chez M. Covey pendant une année ; il se passa à peine une semaine des premiers six mois sans qu’il me fouettât ; j’avais presque toujours le dos endolori. Ma gaucherie servait d’excuse à sa cruauté. Il nous accablait de travail, à tel point que nous n’aurions pu en endurer davantage. Nous nous levions avant le jour ; nous donnions à manger à nos chevaux ; et dès que la lumière commençait