Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/116

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moi ! Fais que je sois libre ! Y a-t-il un Dieu ? Pourquoi suis-je esclave ? Je m’enfuirai. Je ne veux pas supporter plus longtemps la servitude. Qu’on me rattrape, qu’on ne me rattrape pas, je l’essaierai. Autant mourir d’une manière que d’une autre. Je n’ai qu’une vie à perdre. J’aime autant être tué en courant, que de mourir debout. Oh ! quand j’y pense ! Cent milles au nord, et me voilà libre ! Faut-il l’essayer ? Oui, avec l’aide de Dieu je veux en faire la tentative. Dois-je vivre et mourir esclave ? Non, non ! Ce ne sera pas ! Je m’embarquerai. Cette baie même me portera aux lieux où est la liberté. J’ai remarqué que les bateaux à vapeur prenaient la direction du nord-est, en quittant la pointe du nord. Je suivrai la même route, et quand je serai arrivé à l’extrémité de la baie, j’abandonnerai mon canot à la merci des flots, et je marcherai tout droit à travers Delaware jusque dans la Pennsylvanie. Lorsque je m’y trouverai, je n’aurai pas besoin d’un passe-port ; je pourrai voyager sans être interrompu. Qu’une occasion se présente, je pars, quoi qu’il arrive. Cependant, je tâcherai de supporter le joug. Je ne suis pas le seul esclave qu’il y ait au monde. Pourquoi me désespérer ? Je puis endurer autant que les autres. En outre, je ne suis qu’un adolescent, et tous les garçons du même âge sont soumis