Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/121

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pas coagulé dans mes cheveux au point de fermer la blessure. Après y être resté pendant à peu près trois quarts d’heure, je fis un nouvel effort, et me remis en route à travers les marais et les broussailles, sans chaussures et nu-tête, en me déchirant les pieds presque à chaque pas. Après sept milles de marche, que je n’avais pu faire en moins de cinq heures, j’arrivai enfin au lieu où était le magasin de mon maître. Mon air avait quelque chose de si déplorable, qu’il fallait avoir un cœur de fer pour n’en être pas touché. Depuis la tête jusqu’aux pieds, j’étais couvert de sang. J’avais les cheveux tout souillés de poussière et de sang, et ma chemise était également ensanglantée. Mes jambes et mes pieds, déchirés en divers endroits par les broussailles et les épines, étaient aussi couverts de sang. En un mot, j’avais l’air d’un homme qui s’était échappé, non sans peine, d’un antre de bêtes sauvages. Tel fut l’état dans lequel je me présentai à mon maître, en le priant de vouloir bien interposer son autorité pour ma protection. Je lui racontai les circonstances aussi bien que possible, et il me sembla, tandis que je parlais, remarquer que certaines parties de mon récit le touchaient. Il se promenait alors dans l’appartement, en disant qu’il supposait que j’avais dû faire quelque chose pour