Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/122

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le mériter, et en tâchant de justifier M. Covey. Il me demanda ce que je voulais. Je lui répondis que je voulais qu’il m’accordât la grâce de demeurer ailleurs ; que si j’étais forcé de retourner avec M. Covey, ce ne serait que pour mourir ; que Covey me tuerait certainement, et qu’il était en beau chemin pour cela. M. Thomas se moqua de la supposition qu’il y eût le moindre danger que M. Covey me tuât. Il dit qu’il connaissait M. Covey, que c’était un brave homme, et qu’il ne pouvait songer à me retirer d’entre ses mains ; que, s’il le faisait, il perdrait les gages de l’année entière ; que j’appartenais à M. Covey pour un an, qu’il fallait que je retournasse chez lui, quoi qu’il dût arriver ; et il finit par me conseiller de ne plus le tourmenter de mes sottes plaintes, ou bien qu’il se chargerait lui-même de me faire mon affaire. Après m’avoir ainsi menacé, il me donna une bonne dose de médecine, en me disant que je pouvais rester à Saint-Michel pendant cette nuit-là (car il était alors bien tard) ; mais à condition de retourner de bonne heure le lendemain matin chez M. Covey. Il répéta que si je ne le faisais pas, il me ferait mon affaire, ce qui signifiait sans doute qu’il me fouetterait lui-même. Je passai la nuit chez mon maître, et selon ses ordres, je partis pour retourner chez Covey le