Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/135

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à de pareils sentiments. M. Freeland avait, sans doute, plusieurs des défauts qui sont propres aux propriétaires, tels que l’emportement et la mauvaise humeur ; mais il faut que je lui rende la justice de dire qu’il était tout à fait exempt des vices dégradants auxquels M. Covey s’abandonnait constamment. L’un était ouvert et franc, et nous savions toujours où le trouver ; quant à l’autre, c’était le trompeur le plus rusé, et il n’y avait que ceux qui avaient assez d’adresse pour découvrir ses manœuvres subtiles, qui pussent le comprendre. Voici une qualité que je trouvai dans mon nouveau maître ; il n’affichait aucune prétention à la piété, il ne se donnait point pour un homme religieux ; et, selon moi, c’était un grand avantage. J’affirme, sans la moindre hésitation, que la religion du sud ne sert qu’à cacher les crimes les plus horribles, qu’à justifier les atrocités les plus affreuses, qu’à sanctifier les fraudes les plus détestables. C’est un abri sombre où les actes les plus infâmes, les plus abominables, les plus grossiers et les plus diaboliques, des propriétaires trouvent la protection la plus sûre. Si ma destinée était de retomber dans les chaînes de l’esclavage, je regarderais comme le plus grand malheur, après celui de la perte de ma liberté, d’être l’esclave d’un maître religieux. Car de