teux de pouvoir atteindre au milieu des frimas, et qui nous faisait signe de venir partager son hospitalité. Cela suffisait quelquefois pour nous faire passer du découragement à l’espoir, et pour nous affermir dans notre résolution ; mais, lorsqu’il nous arrivait d’oser considérer la nature du chemin, nous étions souvent frappés d’épouvante. En effet, de tous côtés, la mort hideuse, sous les formes les plus horribles se présentait à nous. Tantôt, c’était la faim qui nous forçait de manger notre propre chair ; tantôt, nous luttions contre les vagues, et nous finissions par être noyés ; tantôt, nous étions atteints par les limiers féroces qui nous mettaient en pièces. Les scorpions nous piquaient, les bêtes sauvages nous poursuivaient, les serpents nous mordaient ; et, enfin, après avoir presque atteint le but désiré, après avoir traversé les fleuves à la nage, après avoir combattu les animaux dévorants, après avoir couché dans les bois, après avoir souffert la faim et la nudité, ceux qui étaient à notre poursuite nous rejoignaient ; alors, nous repoussions la force par la force, et leurs balles meurtrières mettaient fin à notre vie ! Je le répète, cette perspective nous effrayait quelquefois au point de nous porter à penser qu’il valait mieux supporter les maux qui nous accablaient, que de nous exposer en
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