Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/148

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fuyant à d’autres maux qui nous étaient inconnus.

En formant cette résolution de nous sauver, nous faisions plus que le patriote qui, pour affranchir sa patrie, expose ses jours et s’écrie : « la liberté ou la mort ! » En effet, vu la position où nous étions placés, en cas de succès, c’était tout au plus une liberté douteuse qui nous était promise ; — mais c’était une mort presque certaine qui nous menaçait si nous ne réussissions pas. Quant à moi personnellement, je préférerais la mort à une servitude sans espoir.

Un de nous, Sandy, renonça pour son compte à toute idée de s’enfuir, mais néanmoins continua à nous encourager à persévérer dans notre projet. Nous nous trouvâmes ainsi réduits à cinq : Henri Harris, Jean Harris, Henri Bailey, Charles Roberts et moi. Henri Bailey était mon oncle et appartenait à mon maître. Charles avait épousé ma tante, et appartenait à M. Guillaume Hamilton, beau-père de mon maître.

Enfin nous nous arrêtâmes au plan suivant. Il fut convenu que nous prendrions un canot qui appartenait à M. Hamilton, et que dans la nuit du samedi qui précédait les vacances de Pâques, nous remonterions en ramant la baie de Chesapeake. À notre arrivée à l’extrémité de cette baie, après être