Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

maîtresse autrefois si compatissante et si affectionnée. Quant à M. Hughes, il se mit dans une grande colère, et lança un torrent de malédictions contre ceux qui étaient coupables de cet acte de brutalité. Aussitôt que je fus un peu rétabli, il me conduisit chez le juge Watson, dans la rue Bort, pour qu’il donnât suite à cette affaire. M. Watson lui demanda qui avait vu commettre cette attaque ? M. Hughes lui répondit qu’elle avait eu lieu en plein midi, dans le chantier de M. Gardner, où il y avait un grand nombre d’ouvriers. « Quant à cela, ajouta-t-il, il ne peut y avoir aucun doute sur la réalité du délit, non plus que sur les personnes qui l’ont commis. » M. Watson lui répliqua qu’il ne pouvait rien faire à moins qu’un blanc ne se présentât pour rendre témoignage des faits. Ma simple déposition ne suffisait pas pour l’autoriser à lancer un mandat d’amener contre les accusés. Si j’avais été tué en présence de mille hommes de couleur, tous leurs témoignages unis n’auraient pas suffi pour faire arrêter un seul des meurtriers. M. Hughes ne put s’empêcher de s’écrier que cet état de choses était très-blâmable. Tout naturellement, il était complètement impossible d’engager un homme blanc à offrir son témoignage en ma faveur, et surtout contre