Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/165

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seul coup de plus, car la punition d’un nègre pour avoir frappé un blanc, c’est la mort, aux termes de loi de Lynch, et c’était la loi qui était en vigueur dans le chantier de M. Gardner. Il faut ajouter qu’il n’y a guère d’autre loi hors du chantier de M. Gardner, dans toute l’étendue de ceux des États-Unis qu’on appelle États à esclaves.

Je me rendis aussitôt chez mon maître et lui racontai tout ce qui venait de m’arriver. Il m’est doux de pouvoir dire de lui que, quoiqu’il ne fît point étalage de religion, sa conduite fut celle d’un ange, comparée à la manière d’agir de son frère, Thomas, dans de pareilles circonstances. Il écouta avec attention le récit que je lui fis des provocations qui avaient amené l’attaque brutale et cruelle dont j’avais à me plaindre, et en témoigna une indignation extrême. Le cœur de ma maîtresse, autrefois si bonne, fut encore touché de compassion. Mon œil enflé et mon visage tout couvert de sang l’attendrirent jusqu’aux larmes. Elle s’assit à côté de moi, me lava le visage, et, après m’avoir mis un emplâtre sur l’œil blessé, elle me banda la tête avec toute la tendresse d’une mère. Je trouvai presqu’une compensation et un dédommagement à mes souffrances dans cette nouvelle marque de bonté de la part de cette