Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/169

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rales et intellectuelles, et autant que possible anéantir en lui le pouvoir de raisonner. Il faut le rendre incapable de remarquer aucune inconséquence dans l’esclavage ; il faut l’amener à croire que l’esclavage est une chose juste ; et on ne peut le réduire à cet état de dégradation que lorsqu’il a cessé d’être un homme.

Je gagnais à cette époque-là, comme je l’ai déjà dit, un dollar et demi par jour. C’était moi qui faisais l’arrangement, c’était moi qui le gagnais ; c’était moi à qui on le payait ; cet argent m’appartenait donc de droit ; cependant, chaque samedi soir j’étais forcé de le remettre à mon maître, M. Hughes. Et pourquoi ? Parce qu’il l’avait gagné ? Non. Parce qu’il avait aidé à le gagner ? Non. Parce que je lui devais ? Non. Parce qu’il y avait le moindre droit ? Non ; mais seulement parce qu’il avait le pouvoir de m’y forcer. C’est précisément la même espèce de droit qu’exerce le pirate en pleine mer.