Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/176

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travaillasse ou que je fusse sans ouvrage, il fallait absolument trouver cet argent-là, pour le lui remettre à la fin de la semaine, ou bien perdre cet avantage si précieux. On peut voir de suite que cet arrangement-là était incontestablement en faveur de mon maître. Il n’avait plus besoin de s’inquiéter à mon sujet, ni de me surveiller. Son argent lui venait régulièrement, et sans qu’il courût aucun risque. Il jouissait donc de tous les avantages d’un propriétaire d’esclave sans avoir à en subir les désagréments. Moi, au contraire, je souffrais tous les maux d’un esclave, en même temps que toutes les peines et toutes les inquiétudes d’un homme libre. Je m’aperçus bientôt que j’avais fait un arrangement bien dur pour moi. Mais quelque dur qu’il fût, je le préférais à mon état précédent. C’était un pas vers la liberté, que d’avoir la permission de supporter les charges et la responsabilité d’un homme libre, et j’étais résolu de ne point me soustraire à ce fardeau. Il fallait à tout prix amasser de l’argent. Je m’y appliquai vigoureusement ; prêt à travailler la nuit aussi bien que le jour, je parvins, à force de persévérance, et grâce à mon activité infatigable, non-seulement à gagner de quoi faire face à mes dépenses, mais à mettre quelque chose de côté toutes les semaines. Je continuai à travailler ainsi