depuis mai jusqu’à août. À cette époque, M. Hughes ne voulut plus me permettre de louer mon temps, comme je l’avais fait jusqu’alors. Il en donna pour raison que j’avais manqué un samedi soir à lui payer la somme que j’avais à lui remettre pour ma semaine. Voici comment la chose était arrivée. Il devait y avoir une réunion religieuse à environ dix milles de Baltimore. Pendant la semaine j’avais promis à plusieurs de mes jeunes amis de quitter Baltimore de bonne heure le samedi soir, pour m’y rendre avec eux ; mais celui pour qui je travaillais alors m’ayant retenu très-tard, je n’aurais pu aller chez M. Hughes sans manquer de parole à mes compagnons, qui m’attendaient pour partir ensemble. Je savais bien que M. Hughes n’avait pas besoin de mon argent ce soir-là. Je résolus donc d’aller à cette réunion et de lui payer les trois dollars à mon retour. Malheureusement, j’y restai un jour de plus que je ne m’y attendais. Mais à mon retour, je passai chez lui, pour lui payer ce qu’il regardait comme lui étant dû. Je le trouvai d’une humeur affreuse ; il pouvait à peine réprimer sa colère. Il me dit qu’il avait bien envie de me châtier à coups de fouet. Il s’écria qu’il voudrait bien savoir comment j’osais sortir de la ville sans lui en demander la permission. Je lui répondis que je louais mon temps, et
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