Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/179

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était un dimanche, et je fixai enfin le 3 septembre comme le jour où je ferais une seconde tentative pour obtenir ma liberté. J’avais alors trois semaines devant moi, pour faire tous mes préparatifs. De bonne heure, le lundi matin, avant que M. Hughes eût le temps de faire un arrangement à mon égard, je sortis et m’adressai à M. Butler pour obtenir du travail dans son chantier, près du pont-levis, dans l’endroit qu’on appelle le City-Block ; de sorte qu’il n’était plus nécessaire que M. Hughes me cherchât de l’ouvrage. À la fin de la semaine je lui apportai de huit à neuf dollars. Il en parut enchanté, et me demanda pourquoi je n’en avais pas fait autant la semaine précédente. Qu’il était loin de se douter de mes projets ! J’avais pour but, en travaillant avec zèle, de détruire toute espèce de soupçon qu’il pouvait avoir conservé au sujet de mon intention de me sauver ; j’y réussis à merveille. Je m’imagine qu’il croyait que je n’avais jamais été plus content de ma condition, au moment même où je préparais tout pour ma fuite. Quand la seconde semaine se fut écoulée, je lui portai encore tout ce que j’avais gagné. Il en fut tellement content qu’il me remit vingt-cinq centimes (il est rare qu’un esclave reçoive d’un propriétaire une si forte somme), et me recommanda d’en faire un bon usage. Je lui répondis