Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/185

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sant (aussi bien que les paroles peuvent le faire) les sentiments d’affection et de reconnaissance que je lui porte. M. Ruggles est maintenant affligé de cécité, et a lui-même besoin des mêmes soins et des mêmes attentions bienveillantes qu’il était autrefois si empressé à prodiguer à ses semblables. Il n’y avait que quelques jours que j’étais à New-York lorsque M. Ruggles, qui tenait une pension bourgeoise au coin des rues de Church et de Lespenard, parvint à me découvrir et m’offrit un asile dans sa maison. À cette époque, M. Ruggles était extrêmement occupé de la fameuse affaire de Darg. Il se dévouait aussi à la délivrance d’un grand nombre d’autres esclaves fugitifs, s’appliquait à découvrir et à arranger des moyens de fuite pour ces infortunés ; et quoique surveillé par des ennemis qui l’environnaient de toutes parts, il semblait plus que capable de leur tenir tête.

Peu après mon arrivée chez M. Ruggles, il me demanda où je voulais aller ; car il était d’avis qu’il y avait du danger pour moi à rester à New-York. Je lui répondis que je savais le métier de calfat, et que j’étais disposé à aller n’importe où je pourrais me procurer de l’ouvrage. J’avais l’idée d’aller au Canada, mais il fut d’une opinion contraire, et il m’encouragea à me rendre à New-Bedford, car il