Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/192

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Tout avait l’air propre, neuf et beau. À peine y vis-je quelques maisons dilapidées, dont les habitants paraissaient être dans l’indigence ; mais je n’y aperçus point d’enfants à moitié nus, ni de femmes marchant sans bas et sans souliers, comme j’y étais accoutumé à Willsborough, à Easton, à Saint-Michel et à Baltimore. Les habitants avaient un air de force, de santé et de bonheur que je n’avais point remarqué parmi ceux de Maryland. Pour la première fois de ma vie, il m’arrivait de pouvoir contempler avec plaisir le spectacle de richesses immenses, sans être attristé en même temps par la vue d’une extrême pauvreté. La chose la plus étonnante, aussi bien que la plus intéressante pour moi, c’était l’état des hommes de couleur, dont beaucoup s’y étaient réfugiés comme moi, après avoir échappé à ceux qui les poursuivaient. J’en trouvai plusieurs qui n’étaient pas sortis de l’esclavage depuis plus de sept ans, et qui pourtant habitaient de plus belles maisons et semblaient jouir des agréments de la vie plus que la moyenne des propriétaires d’esclaves de Maryland. Je ne crois pas me tromper en affirmant que mon ami Nathan Johnson (dont je peux dire avec toute la ferveur d’un cœur reconnaissant : j’ai eu faim, et il m’a donné à manger ; j’ai eu soif, et il m’a donné