Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/195

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gent aussitôt que je l’aurais gagné. Je travaillai ce jour-là avec un plaisir que je n’avais jamais éprouvé auparavant. Je sentais que je travaillais pour moi-même et pour la femme que je venais d’épouser. C’était le commencement d’une nouvelle existence. Lorsque j’eus fini ma besogne, je me mis à chercher de l’ouvrage en qualité de calfat ; mais il y avait un préjugé si fort contre la couleur de ma peau, que les ouvriers blancs refusèrent de travailler avec moi, et je me vis dans l’impossibilité de me trouver de l’emploi[1]. M’apercevant que mon métier ne pouvait me servir de rien, j’ôtai mes habits de calfat et je me préparai à prendre toute espèce d’ouvrage que l’on voudrait bien me donner. M. Johnson eut la bonté de mettre à ma disposition sa scie et son chevalet, et je trouvai bientôt de quoi m’occuper activement. Il n’y avait à mes yeux rien de trop fatigant, rien de trop sale. J’étais prêt à scier le bois, à entasser le charbon de terre, à porter le mortier, à rouler les tonneaux d’huile ; telle fut la nature de mes occupations et de mes moyens d’existence pendant près de trois années à New-Bedford, avant que j’eusse l’avantage de me

  1. J’ai appris depuis que les hommes de couleur peuvent trouver de l’occupation comme calfats, à New-Bedford. — Ce changement est un des résultats des efforts des Abolitionnistes.