Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/196

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faire connaître des hommes bienveillants et généreux qui s’opposent à l’esclavage.

À peu près quatre mois après mon arrivée à New-Bedford, un jeune homme vint me trouver, et me demanda si je ne désirais pas m’abonner au journal le Libérateur. Je lui répondis que je le voudrais bien, mais que comme je venais de me sauver de l’esclavage, je n’avais pas alors le moyen de faire cette dépense. Cependant plus tard je finis par m’y abonner. C’était un journal hebdomadaire. Je lus le premier numéro et les suivants avec une ardeur extrême, et je voudrais en vain tâcher de décrire les sentiments que cette lecture m’inspirait de semaine en semaine. Ce journal avait l’effet d’apaiser ma faim et d’étancher ma soif. Il alluma dans mon âme un feu que rien ne devait éteindre. Combien j’admirais sa sympathie pour mes frères qui étaient encore dans les chaînes, — ses accusations hardies contre les propriétaires d’esclaves, — ses descriptions fidèles des tourments de l’esclavage, — ses attaques énergiques contre les partisans de cette exécrable institution ! — tout cela me transportait, tout cela me faisait tressaillir d’une joie telle que je n’en avais jamais senti de pareille.

Il y avait bien peu de temps que j’étais au nombre des lecteurs du journal le Libérateur, mais ce-