Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/200

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aspirer à remplir les fonctions de ministre du doux et humble Jésus ? Celui qui vole les gages de ses esclaves à la fin de chaque semaine, ne se présente-t-il pas à eux le dimanche matin, en qualité de maître de classe, à l’école du dimanche, pour leur montrer le chemin qui mène à la vie éternelle, et leur indiquer la voie du salut ? Celui qui vend sa jeune esclave, pour servir aux infâmes pratiques de la prostitution, ne se déclare-t-il pas le défenseur pieux de la pureté des mœurs ? Celui qui proclame que c’est un devoir religieux de lire la Bible, n’interdit-il pas à son esclave le droit d’apprendre à lire même le nom du Dieu qui l’a créé ? Celui qui se fait l’avocat religieux des avantages moraux du mariage, n’enlève-t-il pas à des milliers de malheureux la sainte influence de cette institution respectable, et ne les abandonne-t-il pas aux ravages de la pollution sous toutes les formes ? Celui qui vante avec une chaleureuse éloquence la sainteté des liens de famille, n’est-il pas assez cruel pour disperser des familles entières, séparer le mari de sa femme, enlever les enfants à leurs parents, entraîner les sœurs loin de leurs frères, en ne laissant dans la chaumière vide que la solitude et la désolation ? N’est-il pas trop vrai que l’on y entend le voleur prêcher contre le vol, l’adultère