Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/27

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égard : le fait reste dans toute son énormité odieuse, que les propriétaires d’esclaves ont ordonné et établi, en vertu d’une loi, que les enfants de femmes qui sont dans l’esclavage suivront dans tous les cas la condition de leurs mères. Cela a lieu bien évidemment pour qu’ils satisfassent ainsi leurs désirs immoraux et pour qu’ils y trouvent à la fois un profit et un plaisir ; car, par cet arrangement rusé, le propriétaire se trouve être dans bien des cas, par rapport à ses esclaves, dans la double position de maître et de père.

Je connais moi-même des parentés de cette espèce. Une chose qui mérite d’être remarquée, c’est que ces esclaves-là ont toujours plus de peines et de souffrances à supporter que les autres. En premier lieu, ils sont pour leur maîtresse une sorte d’insulte permanente. Elle est toujours disposée à trouver à redire à ce qu’ils font. Ils ne peuvent lui plaire que rarement ; elle n’est jamais plus contente que lorsqu’elle les voit frapper à coups de fouet, surtout quand elle soupçonne que son mari accorde à ses enfants mulâtres des faveurs dont ses esclaves noirs ne jouissent pas. Il arrive très-souvent que le maître est obligé de vendre les esclaves de cette espèce, par déférence pour la sensibilité de sa femme blanche. Quelque cruelle que puisse sembler