Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/28

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l’action de vendre ses propres enfants à des marchands de chair humaine, c’est souvent l’humanité qui l’y porte ; car s’il ne le fait pas, il doit non-seulement les fouetter lui-même, mais il faut encore qu’il soit spectateur, pendant qu’un fils blanc attache son frère, dont le teint n’est plus foncé que le sien que de quelques nuances, et avec un fouet sanglant déchire le dos nu de sa victime ; s’il laisse échapper un seul mot de désapprobation, on le traite de père partial, et les choses n’en vont que plus mal et pour lui-même et pour l’esclave qu’il désire protéger et défendre.

Chaque année produit une multitude d’esclaves de cette classe. C’était sans doute la connaissance de ce fait qui a porté un grand homme d’État du sud à prédire l’extinction de l’esclavage par suite des lois inévitables de la population. Que cette prophétie soit destinée à s’accomplir ou non, il est bien clair qu’une race toute différente de celle qu’on amena originellement d’Afrique dans ce pays-ci, se multiplie au sud dans l’esclavage. Si l’augmentation du nombre de ces malheureux ne produit pas d’autre effet, elle anéantira la force de l’argument que Dieu a maudit Caïn, et qu’ainsi l’esclavage en Amérique repose sur un bon fondement. S’il n’y a que les successeurs en droite ligne