Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/32

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on l’aurait cru intéressé à protéger l’innocence de ma tante, mais ceux qui le connaissaient ne le soupçonneront pas de posséder une pareille vertu. Avant de commencer son acte de cruauté, il mena ma tante dans la cuisine, la dépouilla jusqu’à la ceinture, en lui mettant le cou, les épaules, et le dos tout à fait nus. Il lui commanda ensuite de se croiser les mains en lui appliquant des épithètes infâmes. Il lui lia les mains avec une forte corde ; et la mena à un tabouret au-dessous d’un grand crochet planté dans la solive. Il la fit monter sur le tabouret et lui attacha les mains au crochet. Elle se trouvait alors prête pour l’accomplissement de son dessein infernal. Elle avait les bras tendus autant que possible, de sorte qu’elle se tenait sur l’extrémité des orteils. Ensuite il lui dit : « À présent, coquine, je vais t’apprendre à me désobéir ! » Après avoir retroussé ses manches, il commença à la frapper avec la lourde peau de vache, et bientôt le sang chaud et rouge tomba goutte à goutte sur le plancher, avec les cris déchirants qui sortaient de la bouche de la victime, et les serments affreux qui s’échappaient de celle du bourreau. Pour moi, j’étais tellement effrayé et frappé d’horreur, que je me cachai dans une armoire et que je n’osai en sortir que bien longtemps après que cette scène de barbarie fut terminée. Je