Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

passent à préparer ce qu’il faut pour aller travailler au champ le lendemain. Lorsqu’ils ont enfin terminé leur ouvrage, vieux et jeunes, hommes et femmes, mariés et non mariés, tous tombent côte à côte sur un lit commun, — le plancher, — en se couvrant de leurs misérables couvertures ; ils dorment là jusqu’à ce que le cornet à bouquin du conducteur les appelle au travail. À cet appel, il faut que tout le monde se lève, et malheur à ceux qui n’entendent pas le signal du matin, car si le sens de l’ouïe ne fait pas son devoir, on a recours à celui du toucher pour les éveiller ; ni l’âge, ni le sexe n’obtiennent la moindre faveur. L’inspecteur, M. Sévère, restait debout à la porte du quartier des nègres, armé d’un gros bâton de hickory et d’une lourde peau de vache, prêt à fouetter celui qui malheureusement n’avait pas entendu, ou qui, par une autre raison quelconque, avait été empêché de partir pour le champ au son du cornet à bouquin.

M. Sévère méritait bien son nom : c’était un homme cruel. Je l’ai vu fouetter une femme au point que le sang coula pendant une demi-heure ; et cela au milieu des larmes de ses enfants, qui priaient pour la délivrance de leur mère. Il semblait prendre plaisir à manifester sa barbarie fa-