Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/38

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rouche. Outre sa cruauté, c’était un jureur impie. Il suffisait de l’entendre parler pour glacer le sang et faire dresser les cheveux. Il ne lui échappait guère une phrase, qui ne commençât ou ne finit par un jurement horrible. C’était au champ qu’il fallait aller pour être témoin de sa cruauté et de son impiété, car sa présence en faisait le champ du sang et des blasphèmes. Depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, il jurait, frappait, balafrait parmi les esclaves de la manière la plus épouvantable. Mais sa carrière fut de courte durée. Il mourut peu de temps après mon arrivée chez le colonel Lloyd ; et il mourut comme il avait vécu en prononçant, avec ses derniers gémissements, d’amères malédictions, et des serments affreux. Les esclaves regardèrent sa mort comme le résultat de l’intervention bienfaisante de la Providence.

Ce fut un M. Stopkins qui remplaça M. Sévère. C’était un homme tout différent. Il était moins cruel, ne jurait pas tant, et faisait peu de bruit. Aucune démonstration extraordinaire de barbarie ne caractérisait sa conduite. Il fouettait, il est vrai, mais il n’y prenait pas plaisir, et les esclaves l’appelaient un bon inspecteur.

La plantation du Colonel Lloyd avait l’apparence d’un village de campagne. On y faisait toutes les