Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/40

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plus souvent. Ses concurrents qui aspiraient à cet emploi tâchaient aussi soigneusement de plaire à leurs inspecteurs que les solliciteurs de places en matière politique s’appliquent à flatter et à tromper le peuple. On pouvait découvrir des traits de ressemblance entre ces deux classes d’hommes.

C’étaient surtout les esclaves que l’on choisissait pour aller à la Ferme de la Grande Maison chercher les vivres du mois et pour eux-mêmes et pour leurs compagnons, qui manifestaient le plus d’enthousiasme. Sur la route ils faisaient retentir les bois épais de leurs chansons étranges, qui révélaient à la fois la plus grande joie et la plus profonde tristesse. Ils composaient et chantaient en allant, sans s’inquiéter ni de la mesure ni de l’air. La pensée qui se présentait à l’esprit était exprimée, si non par des paroles, au moins par des sons — aussi fréquemment d’une manière que de l’autre. Ils chantaient quelquefois le sentiment le plus touchant du ton le plus animé, le plus pathétique. Ils arrangeaient toujours leurs chansons de manière à y introduire quelque chose au sujet de la Ferme de la Grande Maison, surtout au moment du départ. Ils chantaient alors d’un air de triomphe les paroles suivantes :

« Je m’en vais à la Ferme de la Grande Maison !
O oui ! O oui ! O !