Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/39

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opérations mécaniques qui se pratiquent dans les autres fermes. La confection et le raccommodage de souliers, les ouvrages de forgeron, de charron, de tonnelier, de tisserand et la mouture des grains : tout cela était exécuté par les esclaves de la plantation. Il régnait dans cet endroit un air d’activité bien différent de l’aspect des fermes voisines ; et le grand nombre d’habitations contribuait à augmenter encore la supériorité de cet établissement. Ses esclaves l’appelaient la Ferme de la Grande Maison. Ceux des fermes lointaines regardaient comme un des plus grands privilèges d’être choisis pour aller faire des commissions à la Ferme de la Grande Maison. Cette ferme éveillait dans leur esprit une idée de grandeur. Un représentant ne pouvait pas être plus orgueilleux de son élection à un siège dans le Congrès américain qu’un esclave ne l’était de se voir choisi pour aller porter un message à la Ferme de la Grande Maison. Ils y voyaient une marque de grande confiance de la part de leurs inspecteurs ; à cette raison se joignait le désir continuel qu’ils avaient d’être éloignés du champ, et hors de la portée du fouet de l’inspecteur. C’était donc à leurs yeux un grand privilège qui valait la peine de se conduire sagement. On désignait comme le plus actif et le plus fidèle celui qui obtenait cet honneur-là le