Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/48

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— Ne te donne-t-il pas assez à manger ? — Si, Monsieur, il m’en donne assez, mais la nourriture n’est pas bien bonne. »

Le colonel, après s’être informé du quartier qu’habitait cet esclave, continua sa route ; le nègre, de son côté, alla à ses occupations, ne songeant guère que c’était à son maître qu’il avait parlé. Il n’y pensa plus, n’en parla plus, et n’entendit parler de rien. Ce ne fut qu’au bout de deux ou trois semaines que son inspecteur lui dit que, pour s’être plaint de son maître, il allait être vendu à un marchand de Géorgie. À l’instant, on l’enchaîna et on lui mit les menottes ; ainsi, sans avertissement préalable, il se vit enlevé et arraché à sa famille et à ses amis par une main plus inexorable que la mort elle-même. Voilà une punition infligée pour avoir dit la vérité, rien que la vérité simple, en réponse à un certain nombre de questions précises.

C’est en partie, par suite de tels faits, que lorsqu’on s’informe auprès des esclaves de leur état, et du caractère de leurs maîtres, ils disent presque invariablement qu’ils sont contents, et que leurs maîtres les traitent avec bonté. Ce n’est pas une chose inconnue que des propriétaires aient envoyé des espions parmi leurs esclaves pour découvrir