Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/47

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cholson et M. Lowndes. Ils habitaient tous la Ferme de la Grande-Maison, et ils jouissaient du privilège de fouetter les domestiques lorsqu’ils le voulaient, depuis le vieux Barney jusqu’au cocher Guillaume Wilkes. J’ai vu Winder forcer un des domestiques de la maison à s’éloigner de lui à une distance convenable pour être touché avec le bout du fouet, et à chaque coup lui faire venir de gros sillons sur le dos.

Vouloir décrire les richesses du colonel Lloyd, ce serait tenter l’impossible. Il avait de dix à quinze domestiques de maison. On portait à mille le nombre de ses esclaves, et je ne crois pas que cette évaluation fût exagérée. Le colonel Lloyd en possédait tant qu’il ne les connaissait pas tous de vue, et parmi les esclaves des fermes éloignées, il y en avait beaucoup qui ne le connaissaient pas non plus. On m’a raconté qu’un jour, se promenant à cheval sur le chemin, il rencontra un homme de couleur, et s’adressa à lui de la manière ordinairement usitée quand on parlait aux nègres sur les grandes routes du sud : « Eh bien ! mon garçon, à qui appartiens-tu ? — Au colonel Lloyd, répondit l’esclave. — Dis-moi, le colonel te traite-t-il bien ? — Non, Monsieur, répliqua le nègre sans hésiter. — Est-ce qu’il te fait trop travailler ? — Oui, Monsieur.