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Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/62

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paire de pantalons, ce qu’elle ne pourrait faire, avait-elle dit, si je ne me nettoyais pas entièrement. Posséder une paire de pantalons, c’était en vérité une belle perspective ! C’était un motif suffisant pour me faire enlever non-seulement ce que les gardeurs de cochons appellent la gale, mais la peau elle-même. Je m’y mis avec empressement, car je travaillais pour la première fois dans l’espérance d’une récompense.

Les liens qui attachent ordinairement les enfants à la maison paternelle, n’existaient pas pour moi. Mon départ ne me causa donc aucune peine. La demeure que je quittais n’avait point de charmes qui pussent me la rendre chère. En m’éloignant, je sentais bien que je ne me séparais de rien dont j’aurais pu jouir en y restant. Ma mère était morte ; ma grand-mère demeurait à une distance considérable, de sorte que je ne la voyais que rarement. J’avais deux sœurs et un frère, qui demeuraient dans la même maison que moi ; mais on nous avait séparés de notre mère dès la plus tendre enfance ; et cette séparation avait presque effacé de notre mémoire le fait de notre parenté. Je cherchais un refuge ailleurs, mais j’étais bien certain de n’en trouver aucun qui me plût moins que la demeure loin de laquelle j’allais porter mes pas. En suppo-