Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/63

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sant que je trouvasse dans ma nouvelle position de mauvais traitements, la faim, le fouet et la nudité, j’avais la triste consolation de penser que je n’aurais pu échapper à une seule de ces souffrances dans les lieux où j’étais. Comme j’en avais déjà fait l’expérience chez mon ancien maître, et comme j’avais pu les y endurer, j’en concluais naturellement que je pourrais les endurer ailleurs, et surtout à Baltimore ; car j’avais au sujet de cette ville une idée qui se rapprochait du sentiment exprimé dans le proverbe : « Il vaut mieux être pendu en Angleterre, que de mourir de mort naturelle en Irlande. » En un mot, j’avais la plus grande envie de voir Baltimore. Mon cousin Thomas, quoiqu’il ne parlât pas avec une facilité merveilleuse, m’avait inspiré ce désir, par sa description de cette ville. Je ne pouvais lui montrer aucun objet à la Grande Maison, quelque beau qu’il fût, qu’il n’eût vu à Baltimore quelque chose de bien supérieur sous le rapport de la beauté et de la force. Mon désir était tel, que je voyais dans la possibilité de le satisfaire une ample compensation à la perte quelconque de bien-être qui pourrait résulter de ce changement. Je partis donc sans regret, et avec l’espérance la plus vive d’arriver au bonheur que me promettait l’avenir.