Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/72

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donne au premier une meilleure nourriture et de meilleurs habits, et il jouit de privilèges qui sont entièrement inconnus au second. On remarque à la ville sous ce rapport un certain degré de décence, un sentiment de honte qui sert à réprimer en partie les explosions de cruauté atroce qui éclatent si souvent dans la plantation. Il faut qu’un propriétaire d’esclaves soit terriblement endurci pour ne pas hésiter à déchirer ces malheureux à coups de fouet, au risque de blesser par leurs cris l’humanité de ses voisins qui ne sont pas propriétaires comme lui. Il est bien rare d’en trouver un qui veuille s’exposer à la haine qui s’attache à la réputation de maître cruel ; encore moins à ce qu’on sache qu’il ne donne pas assez à manger à ses esclaves. Tous les propriétaires de ville désirent qu’on sache qu’ils nourrissent bien leurs nègres, et il faut leur rendre la justice de dire qu’ils le font presque tous. Il y a cependant des exceptions à cette règle. M. Thomas Hamilton demeurait vis-à-vis de nous dans la rue Philpolt, il possédait deux esclaves, Henriette et Marie. La première avait à peu près vingt-deux ans, la seconde quatorze ; je n’ai jamais vu deux femmes si maigres et si mutilées. Pour les regarder sans être touché de compassion, il fallait avoir le cœur plus dur que la pierre. La tête, la poitrine