Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et les épaules de Marie étaient complètement hachées de coups. Je lui ai souvent touché la tête et je l’ai trouvée presque couverte de tumeurs et de meurtrissures causées par le fouet de sa cruelle maîtresse. Je ne sais pas si M. Hamilton la fouettait jamais lui-même ; mais j’ai été témoin oculaire de la cruauté de sa femme. J’avais l’habitude d’aller chez M. Hamilton presque tous les jours. Madame Hamilton était ordinairement assise dans une grande chaise au milieu de l’appartement avec une lourde peau de vache à son côté. Il ne se passait guère d’heure pendant le courant de la journée où elle ne fît couler le sang d’une de ces esclaves. Les filles passaient rarement près d’elle, sans qu’elle leur dît : « Va donc plus vite, vilaine bête noire ! » en même temps elle leur donnait sur la tête ou sur les épaules un coup qui faisait souvent venir le sang. Puis elle ajoutait après avoir frappé : « Attrape cela, vilaine bête noire ! si tu ne vas pas plus vite, je saurai bien te faire aller, moi ! » Outre les cruautés qu’on leur faisait subir, on leur donnait si peu à manger, qu’elles étaient à moitié affamées. Elles ne savaient que rarement ce que c’était que de satisfaire leur appétit. J’ai vu Marie lutter avec les cochons, pour attraper les abattis et autres objets de rebut qu’on avait jetés dans les rues. Marie avait