Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/83

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chai d’eux, sans en être prié, et me mis à les aider. Lorsque nous eûmes fini notre ouvrage, l’un d’eux vint à moi et me demanda si j’étais esclave. Je lui répondis que oui. « Es-tu esclave pour la vie ? » me demanda-t-il. Je lui répondis encore affirmativement. Le bon Irlandais sembla être profondément ému de mon sort. Il dit à l’autre qu’il était dommage qu’un brave petit garçon comme moi fût esclave pour la vie et qu’on devrait avoir honte de me retenir dans les chaînes. Ils me conseillèrent tous deux de me sauver au nord, en m’assurant que j’y trouverais des amis et que j’y serais libre. Je feignis de ne pas prendre intérêt à ce qu’ils me disaient, et je les traitai comme si je ne comprenais pas leurs remarques, car je craignais qu’ils ne fussent des traîtres. Ce n’est pas une chose sans exemple de la part des blancs que d’encourager les esclaves à s’échapper, dans l’espoir de recevoir une récompense en les rattrapant et en les ramenant à leurs maîtres. J’avais peur que ces hommes qui semblaient si bons, ne me traitassent ainsi ; cependant je me rappelai parfaitement leur conseil, et, dès ce jour-là, je résolus de m’échapper. Je me promis bien de guetter l’occasion favorable de m’enfuir sans danger. J’étais trop jeune alors pour mettre aussitôt mon projet à exécution : en outre, je vou-