Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/82

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lon la manière de voir d’un propriétaire, on parlait toujours de cette action comme étant le fruit de l’abolition. Après avoir entendu ce mot-là bien des fois, par rapport à des faits de même nature, je me mis à chercher ce qu’il signifiait. Le dictionnaire ne m’éclaira que peu ou point. Je trouvai pour définition « l’acte d’abolir ; » mais je ne savais pas ce qu’il s’agissait d’abolir. Je me trouvais donc embarrassé. Je n’osais en demander la signification à personne, car j’étais convaincu que c’était une chose sur laquelle on désirait que je fusse aussi ignorant que possible. J’attendis avec patience ; enfin, un jour je m’emparai d’un des journaux de notre ville qui rendait compte d’un grand nombre de pétitions qu’on avait envoyées du nord, pour demander l’abolition de l’esclavage dans le district de la Colombie, et du commerce des esclaves entre les États-Unis. Dès lors, je compris la signification des mots abolition et abolitionniste ; aussi je m’approchais toujours, lorsque j’entendais prononcer ces mots, dans l’espoir d’entendre dire quelque chose d’important et pour moi-même et pour mes compagnons d’infortune. La lumière éclaira peu à peu mon intelligence. Un jour que j’étais allé sur le quai de M. Waters, je vis deux Irlandais qui déchargeaient une charretée de pierres ; je m’appro-