Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/98

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ter les ordres qu’il avait donnés, il était quelquefois d’une grande rigueur, quelquefois sans énergie. Tantôt, il parlait à ses esclaves avec la fermeté de Napoléon, et la fureur d’un démon, tantôt on l’aurait pris pour un homme égaré qui demandait son chemin. Il ne faisait rien de lui-même. Il aurait pu passer pour un lion, s’il y avait eu d’autres oreilles. Essayait-il de faire quelque chose de noble, son avarice se faisait de suite remarquer. Son air, ses discours, ses procédés ressemblaient, jusqu’à un certain point, à ceux des gens qui étaient nés propriétaires d’esclaves, mais comme il les avait copiés, ils étaient d’une gaucherie évidente. Il ne savait pas même être bon imitateur. Il avait toute la disposition à tromper, mais sans en avoir le talent. Il n’avait en lui-même aucunes ressources, aussi était-il obligé d’imiter les autres. Il en résultait qu’il était continuellement la victime de quelque inconséquence, et, par suite, un objet de mépris, même parmi ses esclaves. La possession d’esclaves qui étaient à lui et qui avaient à le servir, était quelque chose de nouveau et d’inattendu. Il était propriétaire d’esclaves, sans avoir la capacité nécessaire pour les bien tenir. Il ne pouvait parvenir à les gouverner par force, par crainte ou par ruse. Nous l’appelions rarement « notre maître, » mais ordinairement « le