Page:FR-631136102 MS 2810 Gilberte Périer - Vie de Blaise Pascal et lettres.pdf/98

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avoit point, et qu’il apprehendoit mesme de guerir et quand on luy en demandoit la raison : Il disoit, c’est que je comnois le danger de la santé, et les avantages de la maladie. Il disoit encore au plus fort de ses douleurs, quand on s’affligeoit de les luy voir souffrir : ne me plaignez point, la maladie est l’estat naturel des Chretiens, parce que l’on est par là, comme on devroit toujours estre, dans la souffrance des maux, dans la privation de tous les biens et de tous les plaisirs des sens, exempts de toutes les passions qui travaillent pendant tout le cours de la vie, sans ambition, sans avarice, et dans l’attente continuelle de la mort. n’est ce pas ainsy que les Chrestiens doivent passer leur vie, et n’estce pas un grand bonheur, quand on se trouvé par necessité en l’estat qu’on est obligé d’estre, et qu’on n’a autre chose à faire qu’à s’y soumettre humblement et paisiblement. C’est pourquoy je ne vous demande autre chose, que de prier Dieu qu’il me fasse cette grace. voilà dans quel esprit il enduroit tous ses maux.