Page:FR-631136102 MS 2810 Gilberte Périer - Vie de Blaise Pascal et lettres.pdf/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
48

pour ne leur pas donner davantage : Car il me dit que si M. Perier eust esté à paris, et qu’il y eust consenty, il auroit disposé de tout son bien en faveur des pauvres, et enfin il n’avoit rien dans l’esprit et dans le cœur que les pauvres, et il me disoit quelquefois : D’où vient que je n’ay jamais rien fait pour les pauvres, quoyque j’aye toujours eu un si grand amour pour eux ? Je luy dis ; c’est que vous n’avez jamais eu assez de bien pour leur donner de grandes assistances. Il me repondit : puisque je n’avois pas de bien pour leur en donner, je devois leur avoir donné mon temps et ma peine. C’est à quoy j’ay failly, et si les medecins disent vray, et que Dieu permette que je releve de cette maladie, je suis resolu de n’avoir point d’autre employ ni d’autre occupation tout le reste de ma vie que le service des pauvres. Ce sont là les sentimens dans lesquels Dieu l’a pris.

Il joignoit a cette ardente charité pendant sa maladie une patience si admirable, qu’il édifioit et surprenoit toutes les personnes qui estoient autour de luy, et il disoit à ceux qui luy temoignoient avoir de la peine de l’estat où il estoit, que pour luy il n’en